L'actualité Relayance

Un peu de poésie

21 janvier 2020

Un peu de poésie ...

... pour parler de notre année de compagnonnage avec Jean Haderer-Blumert, dans le cadre du mécénat culturel que nous avons initié en 2019 et décidé de poursuivre en 2020. On vous en reparle très bientôt !

 

Ami,
 
Va parmi les saisons marcher sur des terres inconnues. Va, si tu le peux, respirer ce nouvel air qu'il te faut. Prends garde de bien te couvrir. Ne néglige aucune fleur, aucun arbre. Pense à tous ceux que tu aimes, aux tiens. A ceux aussi que tu rencontreras bientôt. Pense au silence qui t'apportera quelque réconfort, qui te guérira peut-être si tu as besoin de guérir. Marche comme un conquérant sans royaume, soit beau comme je te sais beau. Marche pour le plaisir de marcher, marche pour goutter la fatigue du voyageur. Tu verras que cette fatigue est comme un dieu. Qu'elle t’élèvera par enchantement. Pense si tu le peux à remercier ceux que tu croises et qui partagent sourires, douleurs et grandes joies. N'ignore rien de ta colère, elle est le signe que tu es vivant. Un jour peut-être, au détour d'un chemin, elle te deviendra familière et chaleureuse. Ne lui en veux pas trop. Entame un dialogue patient. Sois doux avec le printemps, ris fort avec les oiseaux de mauvaises augures. Ce ne sont que des oiseaux. Ils cherchent eux aussi un tendre moment où se nicher. Ils cherchent eux aussi à se reposer, à cesser la guerre qui nous étreint tous. Va si le cœur t'en dit écouter le monde des saisons. Va perdre quelques heures à pleurer devant la simplicité du ciel ou la beauté d'un soleil qui persiste à se lever malgré tout. Apprends cette force inimaginable que de se sentir en vie, que de marcher, que de pouvoir parler, que de devenir plus léger. Apprends à aimer tes lourdeurs aussi et toutes les catastrophes qui te peuplent. Elles ne sont que des enfants mal fagotés à éduquer.
 
Va voir le grand printemps. Écoute son chant. Tu verras que c'est le moment des naissances, le moment de l'éveil. Regarde si par hasard, quelque part en toi, ne serait pas en train de naître un désir nouveau. Un désir encore sans nom et sans peau. Un horizon, un monde même. Honore ce petit présage, protège-le. Apporte-lui chaleur et eau qu'il puisse se déployer. Emmène-le dans tes nuits et apprends-lui à rêver. Apprends-lui le repos, l'amour et l'audace bienheureuse des matins qui s'offrent. Regarde-le grandir. N'attends rien de lui. Aime-le. Chante avec lui. Et puis écoute-le. C'est lui qui te mènera plus tard, c'est lui qui te nourrira, te protégera.
 
Et puis marche sans raison. Sans te justifier. Nul n'a le droit de t'interdire de marcher. Marche comme un fou si cela te rend heureux, marche ainsi. Ceux qui t'aiment seront toujours-là. Les gens qui t'aiment, tu ne le crois peut-être pas, seront toujours là pour toi.
 
Et puis va voir le puissant été. Goutte sa force, profite de sa lumière, célèbre son abondance. Danse à la fin des récoltes, partage le fruit de ton travail. Ouvre ta table. Deviens un faiseur de fêtes, un géant de la vie. Enivre-toi. Et puis reprends le chemin. La grande nuit sera bientôt là. Sens tes veines, ton front et ton cœur battre de plus en plus fort. Garde cette sensation, ne l'oublie jamais. Elle est ta sœur, ton foyer. Va dans les montagnes là où même les chemins deviennent pensifs, va là où tu n'avais pas prévu d'aller. Tu y trouveras peut-être quelqu'un qui te parlera. Qui te parlera de toi comme personne n'avait parlé de toi jusque là. Remercie-le, embrasse-le et reprends la route. Les inconnus, tu l'apprendras, sont parfois comme des sauveurs miraculeux.
 
Va alors et rencontre le timide automne. Tu verras que c'est le moment des silences retrouvés.C'est le moment où la force se retire, où la nostalgie s'avance. C'est le temps d'observer ce qui a disparu. Apprends à aimer ce qui disparaît. Apprends l'intensité qui te lie aux disparitions. Il y a là des secrets à comprendre, des mondes à explorer. C'est le visage de la tristesse aussi. De cette si belle et grande tristesse. Personne ne le croit jamais que c'est beau la tristesse. Comme une langue nouvelle, comme un nouveau continent. Tu verras, si tu vas avec le temps tu comprendras. Et si c'est trop dur alors pars en hurlant, reprends la marche, fais lui confiance elle t'aidera. Marche alors parmi les feuilles d'ocre et de rouge. Cherche le parfum des champignons, des mousses. Ils seront tes carburants. Goutte ta solitude, et trouve le repos au moment de l'hiver. La nature y trouve quelques vacances. Imite-là. Vas maintenant, emmène ce poème, ne le dis à personne.
 
                                                                                                  Jean Haderer-Blumert.

 

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